L'agnelage

Chez les humains on parle d'accouchement.
Pour les animaux c'est le terme de "mise-bas" qui est utilisé, il s
e défini ainsi : "expulsion en fin de gestation, par une femelle mammifère, du ou des jeunes, ainsi que les enveloppes fœtales". 

Pour les brebis on dit "agnelage". Cette précision de vocabulaire apportée il faut ajouter que si le résultat est le même - une naissance -, les conditions d'exécutions diffèrent un peu.

Certes, mes brebis agnellent dans un bâtiment appelé "maternité", mêêêê… c'est le seul point commun entre le monde des humains et celui de mes brebis. Ici, pas de table de travail, pas de monitoring, pas de péridurale, pas d'échographe, pas de… bon, j'arrêter là l'énumération de toutes les différences et je reviens à la façon dont se passe cet événement.

Déroulement d'un agnelage :

La période de gestation d'une brebis est d'environ cinq mois (de 144 à 151).
Vers la fin de cette période la mamelle commence à gonfler, puis dans les derniers jours la vulve devient rouge, se "tuméfie" ; ce sont les seules choses qui signalent l'imminence de la mise-bas. Pour savoir si on en est à trois semaines, trois jours ou trois heures, c'est l'avenir qui nous le dit - c'est encore plus délicat avec les agnelles qui vont faire leur premier agnelage - et il ne faut pas compter sur la brebis pour nous guider.

On sait qu'elle est "à terme" lorsque "le travail" commence, c'est à dire quand commencent les contractions qui vont permettrent aux agneaux de sortir.
La brebis s'isole du reste du troupeau, elle se couche, se lève, se recouche, se relève, gratte le sol, etc… pendant un certain temps.
Parfois, elle se remet à ruminer… dans ce cas c'était une fausse alerte.

Quand les contractions sont bien installées, une poche de liquide amniotique est expulsée. Au fil des contractions cette poche va pendre de plus en plus et faire progresser l'agneau vers "la sortie".

Quand tout va bien, en 20 à 30 minutes l'agneau est né et le tour est joué.

Agnelage

Reste que très souvent au bout de la demi heure - ou d'une heure - on ne voit rien, ou… qu'une partie de ce qui devrait être visible, c'est à dire qu'au lieu de voir deux sabots, on n'en voit qu'un, ou un bout de museau, ou… une queue !

Je parle ici de mon élevage, de mes brebis de race Romane, saillies par des béliers Charollais. Pour d'autres élevages, avec d'autres races, d'autres méthodes d'élevage la présence de l'éleveur n'est probablement pas aussi indispensable que chez moi. Les Romanes sont prolifiques, c'est à dire qu'elles ont en moyenne deux agneaux, mais il est très fréquent qu'elles en aient trois voire quatre. De ce fait, les agneaux, pour peu qu'ils aient bien profités sur la fin de la gestation, ont du mal à prendre la bonne position pour sortir. Pour près de deux agnelages sur trois je dois intervenir.

J'essaye d'être le plus possible dans la maternité dans cette période d'agnelage, car même si les agneaux sont dans la bonne position pour naître seuls, je préfère assister mes brebis afin de réduire le "temps de travail" au minimum afin qu'elles s'en remettent le plus vite possible.

Les problèmes d'agnelage :

Intervenir ? Certes, mais le seul moyen de savoir ce qui se passe c'est d'y aller voir… avec la main.
Après avoir (quand j'en ai le temps) enfilé un gant d'exploration (qui monte jusqu'à l'épaule) puis un gant d'examen, avoir enduit de gel lubrifiant ce gant, je parts à l'aventure.
Ah… au fait… autre petite différence d'avec les humains, les brebis ont tendance à s'enfuire quand on veut intervenir. Il faut donc l'avoir immobilisée – avec le genoux par exemple – contre une paroi avant d'entamer la fouille et maintenir cette situation jusqu'à la fin de l'agnelage.

Après plusieurs centaines d'agnelages je suis surpris de voir la tolérance à la douleur de mes brebis lors des agnelages - il y a bien quelques douillettes - alors qu'elles font tout un cinéma lorsque je leur taille les sabots.

Dilatation insuffisante :
Quand j'engage la main je peux constater que la dilatation est insuffisante pour permettre le passage de l'agneau, dans ce cas, je tente de dilater la zone avec le poing. Si au bout d'un moment le résultat n'est pas suffisant j'ai recours à un "relaxant" injecté en intra musculaire.

Lorsqu'on je peux m'introduire suffisamment, je rencontre en général les sabots. Selon leur forme je sais rapidement si c'est une patte avant ou arrière, ce qui m'indique que je ne vais pas rencontrer les mêmes problèmes. Si on a les deux pattes avant, il suffit de les étirer une à une, puis de faire progresser l'agneau jusqu'à ce que le museau arrive vers la sortie.

Une fois que la tête est bien engagée dans la vulve, il faut en général introduire l'index et le majeur dans l'anus et, de l'intérieur exercer une poussée sur la tête de l'agneau pour faciliter le passage tout en continuant à tirer les deux pattes jusqu'à la sortie complète. 

Pattes mal positionnées :
Parfois, il n'y a qu'une patte qui se présente. Dans ce cas il faut aller chercher l'autre, la déplier, puis tirer doucement l'agneau vers la sortie.

Parfois, on ne rencontre que la tête. Là, il faut aller chercher les deux pattes, l'une après l'autre et sortir l'agneau quand tout est en place.

Il arrive aussi que la tête soit déjà sortie mais sans les pattes. Il est hors de question de repousser la tête vers l'intérieur, il faut se faire un passage entre la tête et le bassin de la mère pour aller chercher au moins une des deux pattes car c'est très risqué de tirer la tête seule, on risque de rompre les vertèbres cervicales. Dans la mesure ou les pattes sont restées à l'intérieur les épaules font une masse qui aura peu de chance de passer au niveau du bassin de la mère.

Tête renversée :
Il arrive, assez rarement heureusement, que les deux pattes se présentent correctement, mais que la tête soit "renversée" vers l'arrière et bloque la progression. Il faut alors "récupérer" cette tête et la replacer sur les pattes pour faire sortir l'agneau. C'est beaucoup plus vite décrit que réalisé…

Agneaux emmêlés :
Dans les anomalies que j'ai rencontrées pour des présentations "normales", celle que je redoute le plus c'est quand je trouve une patte d'un agneau et celle d'un autre agneau !
Autant dire que là, on peut tomber le pull, la chemise et le sous pull.
La seule solution pour faire naître les petits, c'est de tout repousser vers l'intérieur de l'abdomen de la brebis. Il ne faut pas compter y parvenir en repoussant de la main. Il faut attraper les pattes arrières de la brebis et les lever le plus haut possible, la tenir dans cette position et tenter de repousser les agneaux.
Ensuite on recommence la fouille. Il faut arriver à récupérer une patte, remonter jusqu'à l'épaule, puis jusqu'à la tête de l'agneau et essayer de redescendre sur le coté opposé de l'agneau pour trouver sa deuxième patte.
Quand on a ses deux pattes en main (heu… oui, oui, dans une seule main, car je parle ici de brebis pas d'éléphant, donc on ne rentre qu'une seule main) on essaye de faire sortir l'agneau.

Quand le premier est né… il n'y a plus qu'à aller chercher le second, voire le troisième.

Présentation postérieure :
Pour les présentations "arrières" il m'est arrivé de trouver les deux pattes bien présentées (c'est à dire les deux pattes parallèles et dépliées) mais de ne pas arriver à faire passer le "genoux".
Il faut se souvenir que les moutons, comme la plupart des quadrupèdes ont l'articulation du genoux qui fonctionne à l'inverse de la notre d'où un blocage au passage du bassin de la mère.
Ce n'est qu'après avoir "couché" la brebis sur le dos (je vous passe le détail de la conversation avec maman brebis pour en arriver à la bonne position) que j'ai réussi à sortir l'agneau en me plaçant au-dessus de la brebis et en le tirant vers moi  de manière à ce que l'articulation qui empêchait le passage soit la moins pliée possible, c'est à dire en le ramenant sur le ventre de la brebis. Cette fois là encore j'ai perdu quelques litres de sueur mais ni le bébé, ni la "maman" n'ont soufferts du traitement.

Présentation par le siège :
Dans les présentations par l'arrière celle qui est la plus problématique c'est lorsqu'on a "un siège", c'est à dire que c'est la queue qui sort et non les sabots.
Encore une fois, ayant immobilisé la brebis, il faut repousser l'agneau à l'intérieur jusqu'à pouvoir passer la main sous son corps pour attraper une patte, la déplier, puis recommencer avec l'autre patte et enfin faire sortir le petit.

Lorsque je remarque qu'un agneau est en présentation postérieure (une seule ou les deux pattes dépliées) je suis particulièrement vigilant car il est très fréquent que l'agneau se noie si l'expulsion n'est pas très rapide. En effet, la respiration est déclenchée par le passage de la cage thoracique dans le col du vagin.
En présentation "avant" la tête de l'agneau est à l'extérieur quand le torse passe le col du vagin, mais en présentation postérieure la tête est encore dans le corps de la mère, dans le liquide amniotique… d'où la noyade si on traîne.

Début de la respiration :
Une fois qu'on a posé l'agneau sur la paille, tout n'est pas fini.
A ce stade, la première préoccupation à avoir c'est sa respiration.

Si dans presque tous les cas, ce phénomène se déclenche tout seul lors de la sortie du ventre de la mère, il est des cas ou la respiration ne se déclenche pas.
Il est impossible de compter sur un équipement de respiration artificielle avec oxygène et masque.
Non, là… c'est le système "D" et il y a heureusement quelques trucs qu'il faut connaître.

Le premier, c'est d'attraper "bébé" par les pattes arrières, lever le bras le plus haut possible puis lui faire subir un mouvement de "descente rapide". La poussée des intestins sur la cage thoracique suffit souvent à déclencher la respiration. Si après deux ou trois tentatives il ne respire toujours pas il faut le mettre sous un abreuvoir – j'en ai partout sur les aires paillées – et lui mettre de l'eau froide sur la tête. C'est généralement radical et en même temps qu'il secoue la tête dans tous les sens, il se met à respirer.

Mais il arrive que l'eau froide reste sans effet. Dans ce cas… il ne reste que le "bouche-à-museau".
Le principe est celui du bouche à bouche. On essuie sommairement le museau du "bébé" et on se le met dans la bouche après avoir pris une bonne inspiration on lui expire dans la bouche. Après avoir renouvelé l'opération plusieurs fois on a parfois la chance de le voir se "réveiller" et venir doucement à la vie. Dans ce cas… on ne peut que ressentir un immense plaisir et une "toute puissance"… celle d'avoir donné la vie !

Malheureusement il est des cas ou rien ne marche, mais ils sont très rares.

Quand notre agneau est sur la paille et qu'il respire la brebis vient spontanément s'en occuper. Voilà le spectacle auquel on assiste :

Agnelage

 oui, oui, je sais je l'ai déjà mise cette photo, mêêêê...
je travaille seul donc dans ce moment très délicat qu'est un agnelage, j'ai autre chose à faire que des photos.

Les agnelages multiples :

 

 

 

Une fois le premier agneau mis au monde, si on laisse la lumière, tels des papillons de nuit il en arrive un second, puis un troisième …

Quadruples 1

 ...et parfois même un quatrième, comme je le montre avec la photo ci-contre.

Pour information, la répartition du nombre d'agneaux par portée est de : 1 agneau = 8%, 2 agneaux = 55%, 3 agneaux = 33% et 4 agneaux = 4%.

Les mauvaises positions que j'ai décrit plus haut peuvent se rencontrer pour le premier agneau ou chacun des suivants, voire sur chaque agneau qui peut être dans une position différente. 

On peut avoir un premier agneau qui sort tout seul, mais le second avec un antérieur replié puis le troisième en position arrière.
On est jamais déçu lors des naissances. On ne s'ennuie jamais, mais il faut toujours avoir les idées claires au moment de prendre une décision même si ça fait 20 heures qu'on travaille et qu'il est 3 h du matin !

 

Quadruples 2

J'ai oublié de dire qu'au moment ou surviennent les premiers agnelages il n'y a que les brebis dans les parcs mais il arrive un moment ou il faut faire sortir des cases d'adoption les premiers nés, ainsi que leurs mères, et là… les petits sont tous très curieux de venir voir le petit copain, la petite copine (demi frère ou demi sœur) qui va bientôt les rejoindre.
Il faut donc imaginer le tableau… un genou pour immobiliser la brebis, une main dans le ventre et… une smala de curieux qui mettent leur né partout ! C'est un vrai bonheur.

Le premier agnelage des agnelles

Lorsque c'est la première fois que les jeunes femelles vont mettre-bas, outre les risques de mauvaise position des fœtus il faut "gérer" leur stress.

On rencontre tous les comportements inimaginables. Certaines hurlent dès les premières contractions, alors d'autres ne disent rien ; elles "pondent" leur agneau et l'abandonne.
Si la poche de placenta se déchire lorsque le petit tombe à terre, il a des chances de pouvoir respirer, mais si la poche reste intacte... il se noie.

Après avoir mis-bas il leur faut un moment pour "réaliser" ce qui vient de se passer. Elles associent la douleur qu'elles viennent de ressentir à cette petite forme gluante et remuante. Leur première réaction est de s'en écarter. Heureusement qu'assez souvent l'appel de leur agneau les pousse à revenir s'en occuper, mais dans certains cas elle l'abandonne et vont... faire le second pour l'abandonner aussi, ou pas.
C'est ainsi que je me retrouve avec des agneaux "brut de décoffrage" sur les bras.
Pour ne pas qu'ils meurent d'hypothermie il faut les essuyer, les sécher au plus vite. C'est avec des serviettes de toilette - 2 à 3 par agneau - que je remplace la mère pour enlever tout le liquide amniotique et les restes d'enveloppes fœtales qui les recouvre.

La mise en case d'adoption

L'intérêt des cases d'adoption c'est de mettre en contact étroit la brebis et ses petits pour que chacun s'habitue aux autres. Le but recherché n'est pas que la mère caline ses petits, mais qu'elle sache qui va venir téter et que les petits sachent à quelles mamelles faire le plein !

Que la brebis ait fait ses agneaux seule ou que je sois intervenu, qu'elle les ait déjà adoptés ou non, il s'engage un nouveau bras de fer pour mettre la "famille" dans une case d'adoption. Cette étape relève souvent de la course-poursuite.

Voici les problèmes à résoudre :
- Il faut déjà rassembler les petits, qui se sont bien souvent dispersés au milieu des brebis. Lors de cette opération de "regroupement familial" je dois être vigilant et ne pas mélanger des fratries issues d'agnelages, simultanés, auxquels je n'ai pas assisté (car il arrive que j'aille dormir...). 
- Il faut aussi se méfier qu'une brebis qui n'a pas encore agnelée ne se soit pas accaparée un ou plusieurs petits que leur mère a laissée de côté pour finir ses mises-bas. Certaines brebis sont des spécialistes de la chose mais ça leur passe dès qu'elles ont agnelées. Pour savoir si ce sont bien les mères il suffit de s'assurer qu'elles ont agnelées - par la présence ou l'absence de placenta au niveau de la vulve !
- Une fois regroupé les agneaux - tant qu'il n'y en a qu'un ou deux, mes deux mains me permettent de les récupérer mais quand il y en davantage cela devient plus difficile – il faut ensuite négocier avec la mère pour mettre tout ce petit monde en case d'adoption. En règle générale, tant que le brebis a ses petits sous le né, à portée de vue immédiate, je peux – en marche arrière – la conduire jusqu'à la case que je lui destine. Il faut parfois un petit moment pour y parvenir, car quand je me déplace dans le parc certaines brebis se mettent à courir dans tous les sens entraînant la "nouvelle mère". Il faut donc repartir la chercher, lui remettre ses agneaux sous le né pour qu'elle se décide à nous suivre jusqu'à destination. Lorsque je ne parviens pas à mes fins, je pose les petits dans un coin, je capture la mère seule et la place dans sa case. Ensuite je récupère et lui apporte ses agneaux.
J'évite de mettre seuls les agneaux dans la case d'adoption, car il arrive qu'au moment de faire rentrer la mère, une ou deux autres brebis qui y ont élu domicile et profitent de la paille fraîche que j'ai déposée au sol pour les nouveaux arrivant. Leur sortie entraîne un mouvement de panique dans lequel les nouveaux-né peuvent être piétinés.

Une fois installés en famille, si ce n'est pas déjà fait, le mécanisme d'adoption va se mettre en place.

Les rares cas de refus d'adoption se rencontrent avec les agnelles lors de leur première mise-bas comme je l'ai déjà évoqué. Après un moment ou les agneaux vont avoir essayés de téter, la mère finira par se laisse approcher par ses petits.
Il arrive quand même que la nouvelle mère continue à refuser ses agneaux - c'est heureusement très rare -, là, c'est à coups de tête qu'elle essaye de les faire sortir de la case d'adoption. A ce stade, avant de retirer les agneaux, je tente une alternative et je place une séparation entre la mère et ses petits en attendant qu'elle reprenne ses esprits. Parfois c'est payant et en quelques jours elle accepte qu'ils viennent téter (au début il faut la bloquer pendant que les petits viennent boire) et progressivement le lien se noue.

Il est des fois où la mère reste sur sa position de refus et là il faut séparer les petits pour les mettre en allaitement artificiel.

J'ai rencontré un cas ou on s'est arrêté à mi-chemin de l'adoption. La mère les laissait téter mêêê... par derrière ; habituellement les petits se placent sous le ventre comme je l'ai montré sur certaines photos. Là, les agneaux devaient rester derrière elle, ce qui lui permettait de les arroser copieusement de toutes ses déjections quand l'envie lui en prennait...

Quand l'adoption est réussie on voit ça :

Mere agneau 1

bébé se repose sur maman, bercé par les mouvements de sa respiration...

 

L'adoption par une autre brebis

Il m'est arrivé deux fois lors du dernier agnelage d'être obligé d'assister en même temps deux brebis qui mettaient bas, chacune à l'opposé de la maternité. J'ai sorti simultanément le premier agneau de l'une, puis le premier de l'autre, le second de la première, le second de l'autre, etc. 

La première avait trois agneaux, la seconde avait deux agneaux.
Ayant terminé ces deux agnelages et installé tout ce petit monde en case d'adoption, une troisième brebis s'est mise à agneler. Son premier agneaux de 4,7 kg était mort-né, le second était une femelle de 5,2 kg. J'ai "subtilisé" le dernier né du lot des triplés nés un peu plus tôt, sa mère n'avait pas terminé de le nettoyer et l'ai mis à la place du mort-né - que j'ai enlevé en le "frottant" sur le nouvel arrivant pour qu'il prenne l'odeur du placenta - pendant que la brebis s'occupait de son second agneau vivant... elle n'y a rien vu et s'en est occupée comme si elle l'avait fait !

En fait, ce genre d'adoption est très difficile à réaliser car les mères ont un sens olfactif très poussé et dès qu'elles ont léchés, et donc captés l'odeur de leurs petits, il est très difficile de les berner. De plus, il faut que les deux agnelages aient été concomitants et qu'il y ait eu un lot de triplés qui nécessite de faire le prélèvement.

Il m'est arrivé, une fois, de retrouver au matin une brebis avec deux petits qui la tétaient avec entrain alors qu'elle n'en avait fait qu'un la veille au soir. Par bonheur, le "fugueur" était issu d'un lot de triplé... que j'avais installé dans la case voisine, il s'était faufilé pendant la nuit et avait été adopté. L'adoption s'est faite spontanément. Ça reste exceptionnel.

 

De bonnes journées bien remplies

Avec cette énumération des multiples problèmes à résoudre, vous aurez probablement compris pourquoi j'insiste sur le fait que ma présence est indispensable pendant toute la durée des agnelages.
Agnelages qui ont lieu à toute heure du jour ET de la nuit, avec une prédominance pour la nuit sur une période d'un peu plus d'un mois – mais qui se termine réellement au bout de trois mois -,  avec un pic sur une bonne semaine vers le milieu du premier mois.

Avant et après le pic des naissances je commence la journée à 5 h, je fais une pose petit-déjeuner/toilette vers 7 h 30, j'essaye de prendre une "pose déjeuner/mini sieste" en cours de journée et une autre vers 21 h pour dîner. J'en profite pour mettre au propre le "carnet d'agnelage". 
Je refais un passage en maternité vers 22 h 30 puis à 1 h 30 le lendemain matin.

Quand je dis "passage" je veux dire, vérification de l'état de santé des agneaux en case d'adoption, de ceux qui sont en allaitement artificiel, des brebis, éventuellement je mets en case d'adoption ou j'assiste une brebis qui agnelle si besoin est. Ce "passage" est donc de durée variable.

Au moment du pic des naissances je "commence" la journée à 5 h – oui, je suis incorrigible il me faut dormir un peu à mon âge -, je fais une pose petit-déjeuner/toilette vers 7 h 30, une "pose déjeuner/mini sieste" en cours de journée et termine vers 2 ou 3 h le lendemain matin.
Je ne l'ai pas mentionné mais… je m'occupe aussi du second lot de brebis.

Ahhh, la vie saine à la campagne, à jouir du spectacle des saisons qui s'écoulent paisiblement, de ces troupeaux superbes dans leur blancheur - oui, les vaches Charollaises sont blanches, il n'y a pas que les pâquerettes et les marguerites pour mettre des touches blanches dans la verdure - qui se repaissent d'une herbe grasse et généreuse, de ces oiseaux qui gazouillent du point du jour à la nuit tombante.
Cette campagne où les journées s'écoulent langoureusement au fil du carillon des clochers, ponctuées par le passage du facteur – qui n'apporte plus que de la pub ou des factures, internet nous faisant parvenir le reste, nous tenant en contact permanent avec tel ou tel service de l'Administration assoiffée d'informations sur nos faits et gestes… -.
Ahhh, la campagne où quelques vacanciers viennent passer les beaux jours, sillonnant à pieds nos toutes petites routes où le goudron disparaît progressivement faute de moyens pour l'entretenir.
Cette belle campagne, toute en rondeurs et valons verdoyants, où il ne faut plus avoir le moindre problème de santé faute de médecin dans un rayon de… (je ne sais pas combien de kilomètres), qui ne peuvent vous proposer un rendez-vous que dans 6 mois. C'est ce qui me fait dire que mes brebis sont mieux soignées que moi ! Oui, j'ironise un peu… un tout petit peu… enfin, non… je décris la réalité d'un monde rural en ce début de XXIè siècle.

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Commentaires

  • van beethoven
    • 1. van beethoven Le 30/07/2019
    bonjour,
    nous avons acheté 4 brebis il y a 2 mois, dont une charolaise ,on la trouvait dejà grosse à ce moment là , depuis elle nous a donné un beau agneau, jusque là tout est normal dites vous , cependant nous avons remarqué depuis qqs jours que son ventre bougeait comme si elle avait encore des agneaux en elle , sa respiration est rapide comme çi elle allait agneler , puis elle se lève et s'en va brouter , puis elle se met à l'ombre et de nouveau le même cinéma , elle se met à l'ecart des autres brebis ,j'en ai parlé a mon véto qui me dit que ce n'est pas possible d'avoir d'autre agneaux si le premier est né il y a 18 jours et que cela se passe s'en doute dans ma tête , mais moi je vois bien que quand elle se couche ça bouge beaucoup .Qu'en pensez vous ?

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